Sur la pensée systémique

J’avais envie de commencer l'année 2022 en vous confiant quelque chose : j’ai envie de vous parler de pensée systémique. Oui oui! Vous avez bien lu. Attendez… Ne partez pas! 

En fait, je considère vous en parler de façon implicite depuis quelques années déjà, chaque fois qu'on aborde les enjeux liés aux systèmes alimentaires. En effet, au quotidien, nous avons l’habitude de parler de systèmes (le système de santé, d’éducation, le système solaire, les systèmes informatiques, etc.), mais le fait est que nous avons moins l’habitude d’adopter la pensée systémique dans nos réflexions.

Dans un récent entretien avec la Maison de l’Innovation sociale, Darcy Riddell, une consultante en stratégie et changement de système, mentionne “(n)ous existons par et au sein des systèmes depuis toujours. L’approche systémique, en contrepartie, est beaucoup moins répandue que les systèmes eux-mêmes.” Alors de quoi parle-t-on exactement quand ont évoque la pensée ou l'approche systémique?

Réfléchir de manière systémique, c’est plutôt considérer les pratiques perpétuées sur le long terme par nos sociétés pour maintenir en place les structures d’un système brisé. C’est une façon de comprendre, de contextualiser et de se responsabiliser, en s’assurant que l’on considère l’ensemble du système lorsque vient le temps de réfléchir et de poser une action.
Darcy Riddell, entrevue avec la MIS

Il s’agit de reconnaître que les enjeux sociaux auxquels nous sommes confrontés sont composés de multiples acteur-rices et de multiples dimensions (historiques, sociales, écologiques, politiques, etc.) qui sont liés et qui s’influencent entre eux. Lorsque l’on souhaite améliorer une situation, ces acteur-rices et ces dimensions doivent être reconnus et pris en compte. L’approche systémique implique d'identifier les causes profondes d’un enjeu et de fournir des pistes de solution qui prennent cette complexité en considération. Pour moi, cette approche requiert une posture d'écoute, d'ouverture et de dialogue de notre part.

L'alimentation et l'agriculture étant en soi multidimensionnels, adopter une pensée systémique dans notre analyse de n'importe quel enjeu agroalimentaire est essentiel. Personnellement, au fil des années, la pensée systémique m'a amené à questionner mon impact individuel à l'intérieur des systèmes. D'une part, elle m'incite à admettre les façons dont je peux parfois participer à perpétuer des situations systémiques ayant des impacts négatifs pour d'autres. D'autre part, elle me permet aussi de relativiser l'impact de mes propres actions et donc le poids reposant sur mes épaules individuelles, par rapport à l'ensemble du système. Je tente constamment de cultiver ces réalités complémentaires dans mes réflexions. Ce n'est pas facile.

Êtes-vous toujours là? Êtes-vous familière-lier avec ce genre d'approche?

J'avais envie de commencer cette discussion avec vous parce qu'elle sous-tend l'ensemble de mes recherches et de mon travail créatif. Il est vrai que cette façon d’aborder le monde implique une complexité parfois lourde, mais elle apporte aussi un sens à de nombreuses problématiques, autant personnelles que collectives.

Qu’en pensez-vous?