À la rencontre de Gabrielle Bastien

J’ai suivi un premier cours sur les sols dans le cadre de l’Université d’été d’agriculture urbaine de On sème en 2017. Ça été une révélation. Je m’intéressais aux systèmes alimentaires depuis près de 10 ans, mais j’ignorais tout des sols et de leurs rôles absolument essentiels pour les écosystèmes et le climat. J’ai eu un deuxième moment révélateur lors du premier Symposium des sols vivants, organisé par Gabrielle Bastien et son équipe, à l’automne 2018. Depuis, j’ai assisté avec enthousiasme au 2ème Symposium au printemps dernier, un événement riche de ses participants, thématiques et conférencier-ères. C’est donc avec plaisir que je vous laisse entre les mots inspirants de Gabrielle.

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À la rencontre de Julie Aubé

Je ne me rappelle plus dans quel événement agroalimentaire j’ai rencontré Julie pour la première fois, mais je me souviens que depuis le début, j’ai compris qu’elle avait une compréhension systémique et une réelle appréciation du système agroalimentaire québécois. Vous le lirez ci-bas, Julie arrive à mettre en mots (et en événements!) l’importance de créer des espaces de rencontres, d’expériences positives et d’apprentissages, pour créer des liens avec les gens, les lieux et les produits qui forment avec nous, le système alimentaire. Il y plus de deux ans maintenant, j’ai eu le plaisir de créer des illustrations pour sa série d’événements Prenez le champs!. Je suis heureuse aujourd’hui de vous partager les réponses évocatrices et inspirantes de Julie à mon questionnaire éclair. Bonne lecture!

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis nutritionniste depuis 2006. J'ai toujours travaillé en communications, en axant mes messages sur le plaisir de cuisiner et de bien manger.

Or, j'ai le « bien manger » large! Bien sûr, « bien manger » se réfère aux saveurs et à la qualité nutritive des aliments... mais pour moi, l’expression rime aussi avec une sensibilité aux impacts environnementaux et socioéconomiques de nos choix alimentaires. Rapidement, l'agrotourisme m'est apparu comme un outil formidable, accessible à tous, pour se forger une sensibilité alimentaire tout en ayant du plaisir, en faisant des rencontres inspirantes et en savourant le territoire.

En 2010, j'ai créé mon site JulieAube.com qui me permet de partager à la fois de l'inspiration pour cuisiner les saisons et des articles pour partir à la découverte du Québec gourmand. Je collabore comme rédactrice à différents sites Web et magazines. Je donne des conférences abordant les bonnes raisons d'être agrotouriste ainsi que l'alimentation en fonction des saisons.

En 2016, j'ai publié le livre Prenez le champ! aux Éditions de l'Homme, une collection de portraits de fermiers et d’artisans gourmands inspirants qu'on peut visiter.

Un an plus tard, en 2017, je lançais les Événements Prenez le champ!, des journées hors de l’ordinaire qui font vivre aux participants une expérience mémorable en misant sur la transmission et sur les rencontres de qualités entre mangeurs et agriculteurs. Ces événements sont maintenant articulés en quatre programmations saisonnières par année!

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

  • Parler de nourriture du matin au soir! :) Mais aussi :

    • Apprendre tous les jours, les bottes dans le champ et les cheveux dans le vent.

    • Avoir le grand privilège de parcourir et savourer le territoire.

    • Rencontrer des gens qui m'inspirent et contribuer à les faire connaître.

    • Créer du mémorable agroalimentaire susceptible d’influencer positivement les habitudes d'achats et les réflexes de consommation.

    • Avoir le sentiment d'être utile, et chercher constamment à l'être davantage.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Contribuer à (re)tisser des liens entre les mangeurs et les gens passionnés et passionnants qui nous donnent accès à une alimentation locale de qualité. Ce faisant, stimuler l'intérêt pour une agriculture qui nous nourrit aujourd'hui et qui nous nourrira encore demain. Et encourager les mangeurs à s’y attacher, à la valoriser.

Cela s'inscrit dans une mission plus large de participer à construire un système alimentaire vivant et nourricier pour la proximité, vert et fier de son identité et de sa saisonnalité, créatif et généreux non seulement en récoltes, mais en saveurs et en sens.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

La déconnexion. Pour plusieurs, l'agriculture est loin des yeux... et loin du cœur. On connaît le proverbe!  

Jacques Cousteau a dit : « On protège ce qu'on aime, et on aime ce qu'on connaît ». Pour prendre soin de notre système alimentaire et de notre agriculture durable locale, il faut d'abord les connaître. S'y intéresser, être curieux, enrichir sa culture alimentaire. On devient alors peu à peu plus sensibles, attachés et reconnaissants. En (re)tombant amoureux de notre territoire et de ceux qui le cultivent tout en le vitalisant, ils deviennent "près du cœur" et on cherche à mieux en prendre soin. On comprend que manger est un acte agricole, comme le dit Wendell Berry, et que nos choix quotidiens ne sont pas anodins. On devient plus engagés et désireux que nos achats et nos assiettes soient en harmonie avec nos valeurs.

Se reconnecter pour mieux se connaître, s'apprécier, s'attacher et prendre soin les uns des autres entre mangeurs et agriculteurs. C'est simple, et à la fois révolutionnaire.

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

Aucun aliment ne se trouve « toujours » dans ma cuisine. Tout évolue selon les arrivages et les saisons! Les produits changent au fil des semaines, selon ce que je trouve dans mon panier bio (que je reçois été comme hiver), des récoltes au jardin et des fermes ou des marchés que je visite.

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s'agirait-il?

Laure Waridel. Pour l'engagement « socioécologique » qui caractérise l'ensemble de son parcours, et pour réussir à le communiquer d'une façon souriante et rassembleuse. Pour avoir fait prendre conscience à tant de Québécois que les aliments nous lient à des gens et à des écosystèmes, en soulignant nos pouvoirs individuels et collectifs. Pour sa contribution à l'émergence du mouvement des paniers bio et du réseau des fermiers de famille au Québec, une solution d'approvisionnement local, durable et équitable qui doit encore grandir. Elle est un modèle de dévouement pour le bien commun, d'intégrité et de persévérance.


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Pour en savoir plus

Visitez le site web de Prenez le champ!
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À la rencontre de Mélanie Cassandre Lamoureux

À l’automne 2018, dans le cadre des Mercredis agro organisés par On sème, j’ai pu entendre Mélanie Cassandre s’exprimer sur le sujet du droit à l’alimentation dans un panel qui s’interrogeait sur le rôle des villes dans le respect de ce droit humain fondamental. Sa fougue, son éloquence, sa capacité à synthétiser des concepts complexes tout en donnant envie de se mobiliser m’ont inspiré grandement et j’ai voulu en connaître davantage sur ses motivations. Ce printemps, après avoir demeuré en contact, j’ai accepté son invitation à réaliser une facilitation graphique (sketch note) pendant le Symposium du Regroupement des cuisines collectives du Québec. Je parie que les réponses ci-dessous vous donnerons vous aussi d’en savoir plus sur le RCCQ et le droit à une saine alimentation.

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis chargée de projet au développement et à la mobilisation des régions au Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) depuis cinq ans.

Concrètement, cela signifie que je soutiens et accompagne la concertation des cuisines collectives dans une perspective régionale afin qu’elles puissent s’entraider, s’alimenter, se solidariser et briser leur isolement. Je travaille aussi pour qu’elles soient plus visibles, mieux reconnues, plus fortes et mieux financées.

Sinon, je suis dans le mouvement des cuisines collectives depuis près de 20 ans, ayant d’abord été animatrice de groupes de cuisines collectives dans une organisation locale de Montréal.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

  • La transformation sociale, par, pour et avec les personnes engagées dans le mouvement.

  • Travailler de manière collaborative en appliquant les principes de l’intelligence collective.

  • Apprendre et permettre d’apprendre.

  • Aider les personnes à avoir plus de pouvoir personnel et collectif.

  • Défendre le droit à l’alimentation et l’autonomie alimentaire.

  • Contribuer à quelque chose de plus grand que moi-même.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Je souhaite que la société québécoise exige de ses gouvernements (fédéral, provincial et municipal) que le droit à l’alimentation soit reconnu, respecté, garanti et mis en œuvre.

Nous nous sommes collectivement dotés de systèmes d’accès (presque) universels à la santé et à l’éducation. Il est paradoxal et incohérent que ce ne soit pas le cas pour l’alimentation alors qu’il faut bien manger pour être en santé et qu’on n’apprend pas quand on a faim.

D’ailleurs, ne dit-on pas si justement : «que ton alimentation soit ta médecine.» (Hippocrate) et que « ventre affamé n’a pas d’oreilles? »

J’ai très hâte au jour où nous cesserons de mettre le pouvoir et le profit avant les personnes et la planète.

À l’heure des changements climatiques, il est impératif d’opérer un virage majeur : nous devons mettre un terme à la déresponsabilisation organisée et érigée en système, organiser la décroissance et abolir l’obsolescence programmée.

Aussi, cessons de refiler la responsabilité des échecs des systèmes aux personnes. Pour chaque problématique systémique, la solution doit être systémique et non individuelle.

Nous devons mettre en place un système générateur de bien-être collectif et pour y parvenir, la transformation de nos systèmes alimentaires mondiaux est requise. 

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

Que toute personne, j’insiste sur « toute personne », sans discrimination, ait un accès physique et économique à l’alimentation dans le respect de ses valeurs, croyances, identité et condition. Que les personnes puissent contribuer à la co-construction d’un système alimentaire qui respecte le droit humain à l’alimentation et le vivant.

5. Quels sont les trois produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

  • Sans surprise, du sirop d’érable!

  • Les herbes salées du Bas-du-Fleuve (ça fait des années que je n’utilise plus la poudre chimique jaune qui est censée avoir un goût de poulet);

  • De la farine de sarrasin, ben oui, je capote sur le sarrasin.  

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire, ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s’agirait-il?

Dans le monde des cuisines collectives, je suis en admiration devant Nathalie Lanctôt du Centre le Bourg-joie dans la Capitale-Nationale et devant Josée di Tomasso du Centre d’entraide Racine-Lavoie dans les Laurentides. Elles m’inspirent car elles reconnaissent à toutes les personnes une intelligence, une expérience et une valeur sans égard au revenu, à la scolarité, à la profession ou à la condition sociale. Par leur approche, elles favorisent l’épanouissement des personnes qu’elles accompagnent et contribuent au mieux-être de leur collectivité.

Je suis aussi fan de Jessica Dufresne, avocate et candidate au doctorat en droit à l’Université d’Ottawa, dont la thèse porte sur le droit à l’alimentation. C’est une femme brillante et militante, énergique et passionnante. Chaque conversation avec Jessica est une nouvelle occasion pour apprendre.


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Pour en savoir plus
Regroupement des cuisines collectives du Québec
Page Facebook du RCCQ

Signez la pétition exigeant la reconnaissance du droit à une saine alimentation dès maintenant!

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À la rencontre de Lyne Bellemare

Je pense avoir rencontré Lyne pour la première fois lors du premier Marché de mai de On sème en 2015. Pour la 5ème édition du Marché qui aura lieu le samedi 11 mai prochain à Ausgang, elle y sera une fois de plus pour vendre ses semences. L’été passé, j’ai eu la chance de visiter sa ferme pour un cours de préservation des semences avec le groupe de l’Université d’été d’agriculture urbaine du campus Mil.

J’admire sa détermination, son humour, et sa capacité à transmettre son amour de la biodiversité et des semences. Bonne lecture!

De gauche à droite, semences et fleurs de panais, rutabaga, pois et pomme

De gauche à droite, semences et fleurs de panais, rutabaga, pois et pomme

1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis semencière, c'est à dire que je fais pousser des variétés de légumes pour récolter, conserver et en partager les semences. Je travaille pour Semences du patrimoine Canada depuis 10 ans, et j'ai ma propre entreprise de semences patrimoniales, Terre Promise, depuis maintenant 5 ans.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

Être dehors tout l'été, à faire pousser des légumes que je rapporte à la maison pour nourrir ma famille. J'adore découvrir des variétés oubliées ou rares qui renaissent dans nos champs et que je peux par la suite goûter, sentir et partager. Le fait que nous sauvons parfois des variétés de l'extinction est aussi vraiment valorisant.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Un système alimentaire sain et viable est un système diversifié. Pour une plus grande sécurité alimentaire, il est important d'avoir des graines qui vont donner des légumes adaptés à la localité où ils sont cultivés, et en avoir beaucoup! Plus de diversité dans les jardins et les champs permet une meilleure performance et une meilleure défense face aux changements qui vont survenir dans les années à venir, comme les changements climatiques. Par exemple, si on fait pousser une seule variété de concombre et qu'une maladie se déclare, ce sont tous les concombres qui vont y passer. Si on a différentes variétés, certaines vont s'en sortir mieux, et la variété sera plus résistante pour les années à venir.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

Les semences sont souvent les oubliées du système alimentaire. Pourtant, c'est le début de presque toute notre nourriture! Donc il serait important de valoriser nos semences québécoise du terroir, et arrêter d'acheter des semences qui viennent de très loin et qui ne sont pas habituées à notre localité, nos sols, notre climat et nos insectes.

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

Dans mon champ? J'ai toujours la tomate Savignac, je ne jure que par le concombre Tante Alice et j'ai toujours de l'ortie en tisane que je fais pousser moi-même mais que j'envoie mon père cueillir.

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s'agirait-il?

Vandana Shiva - Elle est l'une des chefs de file des écologistes de terrain et des altermondialistes au niveau mondial, notamment pour la promotion de l'agriculture paysanne traditionnelle et biologique, en opposition à la politique d'expansion des multinationales agro-alimentaires et au génie génétique. Elle lutte contre le brevetage du vivant et la biopiraterie.

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Pour en savoir plus
Terre Promise, semencière artisanale
Site web (achat de semences en ligne)
Page Facebook
Instagram

Semences du patrimoine Canada
Site web

Crédits : Terre Promise

Crédits : Terre Promise


À la rencontre de Rachel Cheng

J’ai rencontré Rachel au travers d’événements en lien avec l’alimentation et l’agriculture durable. Je m’intéresse au travail et à la mission de l’organisme Food Secure Canada, pour lequel elle travaille et je l’admire pour ses engagements auprès de Fleuron et Récolte, deux autres organismes travaillant sur le système alimentaire. Au fil des années, je l’ai observé se consacrer à ces initiatives et en même temps, valoriser les femmes derrière celles-ci. J'admire aussi sa façon de mettre en mots et en images des histoires, des saveurs et des émotions liés aux aliments (à voir et lire sur son compte Instagram).

L’illustration ci-dessous est inspirée de l’une de ses photos.

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

En général, je travaille avec les organismes sans but lucratif en alimentation durable, en organisant des événements et en tissant des relations avec d'autres acteurs de changement. J'aime aussi raconter les histoires derrière notre nourriture, à travers la photographie et sur l'Instagram.

Pendant le jour, je travaille avec le Réseau pour une alimentation durable, où je gère la campagne Je mange donc je vote. La campagne est une série d'événements où les citoyen-nes prennent la parole pour dialoguer avec les candidats politiques sur les enjeux alimentaires dans leurs communautés. Le but est de montrer aux politicien-nes que l'alimentation est un enjeu important dans l'élection fédérale qui s'en vient.

Dans mon temps libre, j'aide Fleuron pour organiser leur conférence sur le grain local, durable et diversifié. Je suis photographe. Je travaille également avec Récolte pour organiser des événements autour de l'alimentation durable. Et parfois je dors beaucoup ;)

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

Dans mon emploi, c'est important d'être curieuse et je suis une "information junkie" de nature, donc j'apprécie beaucoup les occasions d'apprendre plus sur l'alimentation, que ce soit une étude, les nouvelles, ou une rencontre avec quelqu'un d'inspirant.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Ce qui m'interpelle est le pouvoir collectif et j'aimerais montrer aux gens que nous avons tous ce pouvoir. Pour moi, influencer la politique c’est changer les règles du jeu, que ce soit par des achats réfléchis ou par la façon dont nous votons. 

Je vise aussi à changer la conversation sur l'alimentation, car il faut cesser de se demander ce qui est facile ou confortable pour nous et nos gouvernements à faire. Il faut demander à la place ce qui doit être fait afin de réduire drastiquement notre impact sur l'environnement et pour assurer que tout le monde ait assez à manger.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

J'aimerais voir un système alimentaire où personne n’a faim, où tout le monde peut se nourrir dans la dignité.

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

Les carottes bios
Un vin ou cidre d'ici (ou bien les deux!)
Une farine bio et locale

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s'agirait-il?

Le mouvement alimentaire est rempli des femmes extraordinaires! Mais une personne qui ne cesse de m'inspirer est mon amie Maurin Arellano. Elle est chef et elle s'efforce de valoriser les producteurs et les produits locaux et durables. À travers sa cuisine, elle me rappelle le simple plaisir de bien manger et de manger ensemble. Je trouve qu'il n'y a rien de plus convaincant pour l'alimentation durable que d'y goûter. 

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Pour en savoir plus

Réseau pour une alimentation durable / Food Secure Canada
Rachel Cheng (@Torontrealaise) sur Instagram
Fleuron et l’événement le Goût du grain
Récolte

Photo par Rachel Cheng

Photo par Rachel Cheng

À la rencontre de Sara Maranda-Gauvin

Sara Maranda-Gauvin c’est mon amie depuis notre bac à McGill en études du développement. Nous partageons l’amour des plantes, de l’agriculture, de l’artisanat, du café, des réflexions et bien plus. Nos cerveaux et nos coeurs sont à la fois alignés et complémentaires. Nous avons commencé à organiser, en 2014, des marchés et des activités en lien avec l’agroalimentaire et l’artisanat (le Marché de mai, le Jour de la tomate, le Marché de novembre, etc.) En 2016, nous avons fondé un organisme, On sème, dont la mission est de valoriser les producteurs et artisans locaux et de contribuer au développement d’un système alimentaire durable.

Depuis près de trois ans, Sara développe l’Université d’été d’agriculture urbaine sur le nouveau Campus Mil de l’Université de Montréal. Je lui ai soumis mon questionnaire éclair. Bonne lecture!

Illustration des Mercredis agro, une série d’ateliers et de films en plein air à thématiques agroalimentaires, conçus par Sara et présentée à l’été 2018 sur le Campus Mil de l’Université de Montréal, en collaboration avec la Coop Bioma et les parten…

Illustration des Mercredis agro, une série d’ateliers et de films en plein air à thématiques agroalimentaires, conçus par Sara et présentée à l’été 2018 sur le Campus Mil de l’Université de Montréal, en collaboration avec la Coop Bioma et les partenaires du site.

Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Transformation sociale, agriculture urbaine, art, éducation... mes études témoignent de ces divers intérêts. Mon passage par le programme de la City Farm school a été déterminant pour l’intégration de mon besoin de créativité dans mon travail. C’est ainsi que j’ai pris le chemin de l’entrepreneuriat par l’organisation de foires locales et de formations valorisant l’agriculture urbaine et l’artisanat local et ce, depuis 2014. En 2016, j’ai co-fondé l’OBNL On sème avec ma grande amie Laurence, alias Laucolo.

Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

Créer de nouveaux projets et être témoin de l’apprentissage des gens. J’adore provoquer cet espace d’enthousiasme, de stupéfaction et de changement lié à l’apprentissage, ainsi que favoriser la création de nouveaux liens. J’aborde mon travail par l’angle de la créativité, ce qui fait que les débuts d’un projet sont très motivants pour moi, créer la vision, faire les recherches et créer les partenariats. Sans oublier : travailler en équipe dans le plaisir avec des gens de confiance et même des ami-es !

Photo de Mélissa Clément lors du Jour de la tomate sur la Place Shamrock. Cette fête de quartier mettait en valeur la biodiversité locale des tomates ancestrales.

Photo de Mélissa Clément lors du Jour de la tomate sur la Place Shamrock. Cette fête de quartier mettait en valeur la biodiversité locale des tomates ancestrales.

Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

Je souhaite stimuler l’intérêt face à notre système alimentaire afin que nous devenions des acteurs sensibilisés, intéressés et outillés. Notre programme de formation en agriculture urbaine au campus MIL de l’Université de Montréal vise à donner confiance aux gens qui souhaitent cultiver une partie de leur panier d’épicerie et par le fait même développer une capacité d’observation et une compréhension appliquée de l’écosystème du potager. Nos événements estivaux “Les mercredis agro” offrent ateliers et projection de films en plein air afin de stimuler les discussions, manger hyperlocal et créer des lieux de rencontre dans la détente.

Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

Donner l’accès à des fruits, légumes frais et locaux abordables dont nous connaissons la provenance et les intrants. Faciliter l’accès à des espaces de culture en ville, qui nous permettent aussi de profiter de cette beauté du monde, de nous connecter à autre chose que nos écrans.

Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

  • Ail

  • Sirop d’érable

  • Oeufs

Quelle femme, impliquée dans le système alimentaire, admirez-vous le travail?

J’admire le travail de Lyne Bellemare, semencière artisanale de l’entreprise Terre Promise. Elle réussit à jongler famille et travail, crée et mobilise un grand réseau et suscite l’enthousiasme et l’intérêt face aux semences. Elle nous sensibilise par toutes sortes d’histoires à l’importance de préserver cet art pour notre patrimoine tant culturel que gastronomique et pour la biodiversité de notre écosystème. Elle applique des principes de permaculture et incarne la générosité et la persévérance. Merci Lyne !

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Photo crédits : Maryse Boyce

Photo crédits : Maryse Boyce

À la rencontre de Mariève Savaria

Ce n'est pas à tous les jours qu'on rencontre quelqu'un avec qui on partage aussi intensément une vision et une passion communes des légumes, de la saisonnalité et des liens entre ingrédients, cuisine, agriculture et changement social. J'ai d'abord croisé le travail de Mariève en fouillant le web pour une recette de rhubarbe qui n'était pas une compote il y a quelques années (j'étais tombée sur son blogue Brutalimentation). Je vous laisse à ses mots et à quelques illustrations saisonnières en vous souhaitant un bon mois de juin.

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Chef cuisinière et propriétaire du traiteur prêt-à-manger végétalien Brutalimentation et du blogue du même nom pendant presque 10 ans. J’ai aussi enseigné la cuisine végétalienne à travers ça. J’ai arrêté le traiteur l’automne dernier. Je m’oriente maintenant en agriculture biologique et permaculture. J’ai l’appel de la terre. Cette année sera ma première en tant que maraîchère biologique au côté de mon conjoint, Francis Madore, qui a démarré sa ferme (Les Jardins d’Ambroisie) il y a maintenant 12 ans. Après avoir valorisé en cuisine les végétaux, et le travail des artisans de la terre, je souhaite à présent travailler au début de la chaîne alimentaire.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

En cuisine : la créativité durant la période des récoltes locales ! C’est une joie profonde chaque fois que je vais aux champs récolter ce qui est à point (c’est Noël à chaque fois) pour le valoriser dans l’assiette et le savourer avec mes filles et mon chum.

En cuisine ET en agriculture: l’équilibre entre savoir-faire et instinct. S’approprier et maîtriser suffisamment la matière pour ensuite y utiliser et y jumeler son instinct, c’est un moment de grâce dans ces deux sphères de ma vie.

En agriculture: travailler dehors en harmonie avec dame Nature. Écouter, observer et respecter ses enseignements. En fait, je constate qu’il y a plusieurs similitudes entre la culture maraîchère et la cuisine maraîchère. Et d’avoir cuisiné autant les récoltes quand j’avais mon service traiteur, me permet de comprendre et de mieux répondre aux besoins de ceux qui sont partenaires de notre ferme. Parce que les conseils et idées culinaires sont toujours en demande dès l’arrivée de la saison des légumes.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

J’en ai deux! Passer le message que cuisiner ça peut être terriblement simple si on cuisine de vrais aliments récoltés à point ET rendre accessible la diversité végétale. Idéalement, soutenir le tout par l’éducation. Je rêve d’une « ferme école de cuisine maraichère » pour les jeunes et les mois jeunes… un truc multigénérationnel qui cuisinerait les récoltes et qui nous apprendrait à s’alimenter de la semence à l’assiette! Chaque individu doit pouvoir s’alimenter à partir de produits frais et ne pas dépendre de l’industrie pour se nourrir.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

L’accès pour tous aux végétaux cultivés dans le respect de l’environnement.  Heureusement que je produis mes végétaux parce que dans les petits villages (c’est aussi le cas en ville), l’accès aux légumes et fruits frais est limité.  C’est tellement plus facile de trouver un sac de chips qu’une pomme et ce malgré, que j’habite une région, la Montérégie, qui est un grand producteur de pommes conventionnelles ET bio.

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

Parce que savoir assaisonner à l’année est tout, sinon plus important que savoir cuisiner:

  • Miso Massawipi

  • Vinaigre de cidre de pomme local

  • Ail du Québec

6. Quelle femme, impliquée dans le système alimentaire, admirez-vous ?

  • Ici : Laure Waridel

  • Ailleurs: Alice Water

Pour leur soutien à une alimentation durable, responsable et par le fait même, à l’agriculture locale.

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Pour en savoir plus sur Mariève

La ferme de Mariève et son conjoint Francis à Saint-Chrysostome en Montérégie s'appelle les Jardins d'Ambroisie. Ils y cultivent des fruits et légumes certifiés biologiques. Pour en savoir plus sur leur démarche et leurs récoltes, consultez leur site web et leur groupe Facebook.

Ils seront aussi au Marché fermier Laurier (en face du métro Laurier sortie Nord) tous les dimanches de la saison à partir de ce dimanche le 3 juin. Si tout va comme prévu, ils y seront aussi les jeudis à partir du 21 juin en alternance avec le dimanche.

Pour les inscriptions aux paniers d'agriculteurs locaux et biologiques dont leur ferme fait partie, rendez-vous sur le site d'Équiterre (il est encore temps pour la saison 2018!).

Photo de Brutalimentation

À la rencontre de Ethné de Vienne

Vous connaissez Ethné de Vienne si vous fréquentez le Marché Jean-Talon et sa populaire boutique Épices de cru, qu'elle y tient depuis plusieurs années avec son mari Philippe de Vienne, ou si vous les avez suivi à la télévision, à chasser des épices autour du monde il y a quelques années. Depuis plus de trente ans, Ethné déniche les meilleures épices au monde, elle rencontre ceux et celles qui les cultivent et les cuisinent et elle nous partage ses connaissances à la télé, dans des livres ainsi qu'au travers de fabuleux coffrets d'épices. Dans la dernière année, Ethné et son équipe se sont dotées d'une cuisine-atelier au Marché Jean-Talon pour donner des cours et continuer de transmettre leur passion et leurs savoir-faire. 

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1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?

Je suis chasseuse d’épices depuis 25-30 ans. C’est difficile à préciser parce que, chercher et dénicher des épices exceptionnelles, faisait partie de notre façon de voyager depuis tellement longtemps que c’est presque impossible de dire à quel moment c’était devenu notre métier.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?

J’adore les rencontres avec les fermiers, les producteurs, les cuisiniers et bien sûr, nos clients au Québec. En fait, j’aime rencontrer le monde de partout sur la planète, nous avons souvent tellement de choses en commun et ça nous permet d’échanger, d’apprendre et surtout de partager.

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?

J’aimerais qu’on reprenne l’enseignement des cours de cuisine pour les jeunes et les moins jeunes. Si, et quand ils ont la possibilité de cuisiner eux-mêmes, ils auront moins tendance à acheter, ou   « cuisiner » la bouffe industrielle.

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?

J’aimerais éliminer les lobbys de Big Food qui mentent, manipulent et profitent du manque de connaissance de la population.  

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

1. bien sûr, le sirop d’érable
2. du porc du Québec
3. des légumes frais des marchés publics

6. Si vous aviez à nommer une femme, impliquée dans le système alimentaire ici ou ailleurs dans le monde dont vous admirez le travail, de qui s'agirait-il?

Alice Waters de Chez Panisse, qui était une des premières à parler et encourager les gens à manger la nourriture locale en saison, simplement préparée. Son approche d’apprendre en faisant, me touche et m’encourage à ne pas lâcher. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais nous sommes de plus en plus nombreux à prendre la bonne route – on va y arriver, je suis sûre.

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Pour en savoir plus sur Ethné de Vienne et Épices de cru :

Site web
Page Facebook
Entrevue radio avec Ethné et Philippe de Vienne à Radio-Canada (2011)

À la rencontre de Stéphanie Audet

Dans les dernières années, mes projets agroalimentaires m'ont amené à rencontrer des dizaines de femmes qui accomplissent des choses extraordinaires et façonnent notre système agroalimentaire à leur façon. J’ai envie de parler d’elles. 

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J'ai rencontré Stéphanie pour la première fois dans un cours de danse en 2011. Par la suite, nos chemins n'ont cessé de se croiser dans les événements bouffe montréalais, alors que je travaillais pour les Fermes Lufa de 2012 à 2014.

Chef des restaurants LOV récemment ouverts à Montréal et bientôt à Laval, elle mène le mouvement de la cuisine botanique québécois depuis de nombreuses années. J'avais envie de débuter cette série de portraits avec elle, alors je lui ai envoyé mon mini-questionnaire sur le système agroalimentaire, qu'elle contribue à façonner et améliorer, un repas à la fois.

1. Quel est votre métier et depuis quand le pratiquez-vous?
Chef depuis 2006 bientôt 12 ans! 

2. Qu’aimez-vous le plus de votre métier?
Cuisiner! Haha! C'est la base mais en temps que chef, tu fais pas juste de la cuisine, il y a plein de gestion et de paperasse derrière, mais quand j'ai un blitz de cuisiner, de devoir faire la soupe du jour ou de créer une recette, j'aime ça! 

3. Quelle mission en lien avec le système alimentaire souhaitez-vous accomplir par votre travail?
Ma mission est super claire et c'est pour ça que je suis ou je suis en ce moment. Je désire que de plus en plus de gens/clients mangent de la bonne nourriture végétarienne et végétalienne. Je veux rendre cela accessible et abolir le tabou que c'est trop santé et pas plaisant. Plus on vend d'assiettes et plus on a de clients heureux, plus ma mission avance!

4. Si vous pouviez régler une seule problématique en lien avec le système alimentaire québécois, ce serait laquelle?
J'abolirais la viande d'élevage...!! Je sais que la conséquence serait méga big, mais les êtres humains n'ont pas besoin de 1 - maltraiter des animaux, 2 - manger d'aussi grandes portions de viandes. Je suis certaine que la diète des gens serait mieux et que la viande bio et éthique serait consommer avec plus de respect. 

5. Quels sont les 3 produits ou aliments du Québec que vous avez toujours dans votre frigo ou garde-manger?

  1. Du miso de chez Massawippi

  2. Du sirop d'érable

  3. Des légumes du marché

6. Quelle femme, impliquée dans le système alimentaire, admirez-vous le travail?
Lysiane Roy Maheu, cofondatrice de Blanc de Gris dans Hochelaga...elle fait pousser les plus belles pleurotes du monde et sa business est fantastique! Je l'adore!

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Stéphanie Audet soutient sa collègue Dominique Dufour des restaurants Ludger et Magadalena, qui a récemment créé Les Femmes chefs de Montréal une initiative pour "propulser la relève de l'industrie". Le projet "vise l'échange, le partage et la transmission d'une passion et expertise communes".

Suivez la page Facebook pour en savoir plus et connaître les dates de leurs événements à venir. Elles organisent des soirées culinaires et participeront le weekend prochain (5 au 8 février) à l'événement Women with knifes au Centre Phi.

Pour en savoir plus :

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